De nombreuses personnes ont observé une tendance inquiétante au cinéma : une augmentation du nombre de récits mettant en scène des femmes décédées ou enlevées comme simples catalyseurs d’intrigues pour des protagonistes masculins. Cela soulève la question suivante : qu’est-ce qui motive cette résurgence ?
J’ai été frappée par ce schéma en regardant Carry On sur Netflix, où des terroristes menacent un agent de la TSA en prétendant qu’ils surveillent sa femme enceinte, prête à la tuer si nécessaire. Si le film offre un clin d’œil nostalgique au genre de l’action des années 80 qui rappelle Die Hard, on peut se demander qui est vraiment nostalgique du cliché de la « demoiselle en détresse ». Pour ajouter à mes inquiétudes, j’ai remarqué des bandes-annonces de films à venir en 2025 qui suivaient des lignes similaires. Le premier, The Amateur, tourne autour d’un agent de la CIA qui venge sa femme assassinée, tandis que Novocaïne suit un homme résistant à la douleur dans sa quête pour sauver sa petite amie kidnappée. Et n’oublions pas le personnage de Paul Mescal dans Gladiator II, qui se lance dans un voyage alimenté par la mort de sa femme.
(Félicitations à *Gladiator II* pour avoir au moins accordé à l’épouse condamnée une fin de bataille impressionnante. Pourtant, il est évident que son rôle n’est que celui d’un « incident déclencheur », la reléguant finalement au rôle stéréotypé d’une « femme dans un réfrigérateur ».)
Pourquoi le cliché de la « femme en péril » est ennuyeux
Il semble que lorsqu’on leur donne suffisamment de liberté, de nombreux auteurs masculins reviennent à une formule narrative proche du style narratif de Super Mario Brothers. Ils enferment la princesse métaphorique dans un château (ou un cercueil), l’utilisant comme moyen de propulser le voyage du personnage principal masculin. Je ne m’attends pas à ce que chaque personnage féminin doive survivre ou se sauver dans des scénarios périlleux, mais plutôt à ce que la représentation constante des femmes uniquement comme des motivatrices des actions masculines – même jusqu’à la mort – soit décourageante. En tant que spectateur, mon engagement diminue lorsque le personnage avec lequel je suis censée sympathiser se réduit à simplement crier et succomber.
Dans un contexte narratif plus large, cela conduit à des tropes encore plus vexants : les personnages masculins s’éloignent de leurs homologues féminines pour assurer leur sécurité. Je félicite Danai Gurira, scénariste et actrice de *The Walking Dead : The Ones Who Live*, d’avoir abordé cette notion patriarcale avec une phrase clé de son personnage Michonne : « Je ne me sens en sécurité que lorsque je suis avec toi », adressée à Rick Grimes (Andrew Lincoln). Si vous vous trouviez dans une relation avec un homme projetant « l’énergie du personnage principal », ressentiriez-vous quelque chose de différent ?
Un récit n’est pas intrinsèquement sexiste simplement parce qu’il implique un antagoniste sexiste ; on s’attend à ce que des individus mauvais commettent des actes ignobles. Il est essentiel de reconnaître qu’une seule instance d’un trope problématique ne dénote pas automatiquement une offense. Cependant, lorsque des schémas discernables émergent, ils méritent d’être examinés de près. L’attention devrait se porter sur les conteurs qui choisissent continuellement de recycler ces archétypes.
La résurgence des épouses mortes ou kidnappées : une préoccupation moderne
Ce genre de clichés ne disparaît jamais vraiment. Même les films de super-héros modernes s’inspirent parfois de ce récit. Par exemple, *Road House* (2024) met en scène une petite amie kidnappée, et presque tous les personnages de *Bullet Train* (2022) ont une histoire tragique impliquant une épouse décédée. Alors que *Dungeons and Dragons : Honor Among Thieves* joue sur ce cliché familier, il le reformule intelligemment d’une manière inattendue, suggérant qu’un changement vers une narration plus innovante se profilait à l’horizon.
Alors, qu’est-ce qui pousse les films d’action récents à revenir à ces formules ancestrales ? On pourrait interpréter cela comme une réaction d’Hollywood contre les récits perçus comme « éveillés ». Après s’être trop habitués à l’idée de personnages féminins affirmés, il semble que nous soyons en train de revenir à des archétypes dépassés. Ce changement mérite d’être examiné, en particulier compte tenu de l’émergence de mouvements traditionalistes dans la culture populaire.
Il se peut aussi que ce soit simplement le résultat d’une fatigue créatrice ou d’une négligence. Les auteurs qui ont pour habitude de raconter des histoires où la mort d’une femme sert à propulser le héros masculin ne considèrent pas cela comme un problème. Pour eux, cette approche semble aussi naturelle que l’incorporation d’un acolyte excentrique ou d’un mentor avisé. Aux créateurs du monde entier : je vous implore de vous concentrer sur des méthodes plus innovantes pour stimuler les motivations de votre héros – tuer des femmes ou kidnapper des petites amies n’est pas la seule solution !
Je souhaite sincèrement défendre les récits originaux plutôt que les propriétés intellectuelles réutilisées qui inondent les cinémas d’aujourd’hui. Pourtant, le recyclage de ces tropes semble obsolète et sans inspiration. Même un réalisateur acclamé comme Christopher Nolan, connu pour utiliser les histoires de femmes décédées, adapte actuellement *L’Odyssée*, un conte mettant en scène une femme célèbre et vivante. Les enjeux entourant Pénélope sont insignifiants en comparaison des épreuves auxquelles Ulysse est confronté. Si Nolan y parvient, pourquoi d’autres ne le pourraient-ils pas ?
Je peux rester prudemment optimiste, en espérant que Rachel Brosnahan et Amber Midthunder n’ont pas été choisies uniquement pour crier et périr dans *The Amateur* et *Novocaine*, respectivement. Étant donné les atouts de Midthunder dans les rôles d’action, ces films ont le potentiel de leur offrir des histoires ou des rebondissements plus complexes. Néanmoins, la représentation traditionaliste vue dans les bandes-annonces ne m’enthousiasme pas vraiment et ne m’incite pas à rechercher ces films.
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