
La récente augmentation du nombre d’utilisateurs qui se tournent vers RedNote (Xiaohongshu ou Petit Livre rouge) a pris les responsables du gouvernement américain par surprise, d’autant plus que l’interdiction potentielle de TikTok se profile à l’horizon le 19 janvier. Cette situation a suscité des réactions du président Joe Biden et de plusieurs sénateurs, indiquant un problème plus profond concernant la gouvernance des médias sociaux et la propriété étrangère des applications.
En début de semaine, des utilisateurs frustrés de TikTok ont migré en masse vers RedNote, où ils ont rencontré une communauté accueillante remplie de mèmes et d’une compréhension commune de la part de sa base d’utilisateurs majoritairement chinoise. En revanche, les responsables gouvernementaux – qui sont à l’origine de l’interdiction imminente de TikTok – ont exprimé leur mécontentement face à l’engagement des utilisateurs américains envers des plateformes étrangères qui favorisent les échanges culturels et linguistiques, notamment l’apprentissage du mandarin et les interactions significatives avec les internautes chinois. Le sénateur Mark Warner (D-VA) a exprimé publiquement ses inquiétudes sur X (anciennement Twitter), soulignant la tendance des Américains à graviter vers des applications appartenant à des adversaires étrangers.
Je suis préoccupé par le fait que les Américains se ruent sur un certain nombre de plateformes de réseaux sociaux appartenant à des adversaires. Nous devons toujours adopter une approche globale et fondée sur les risques pour évaluer et atténuer les risques liés aux applications détenues par des étrangers.
– Mark Warner (@MarkWarner) 14 janvier 2025
Les propos du sénateur ont déclenché une vague de réactions négatives de la part des utilisateurs qui l’ont accusé de censure, la présentant comme une tentative de contrôler le discours public. Les critiques ont noté le contraste entre les attitudes officielles à l’égard de la propriété de plateformes comme Twitter sous Elon Musk et Facebook et Instagram de Meta, qui ont vu leurs politiques de modération changer. Cette apparente incohérence soulève une question intrigante : pourquoi cette inquiétude à propos de TikTok et RedNote ? La réponse semble résider dans le contrôle : les responsables sont principalement investis dans des plateformes nationales et se méfient donc des applications détenues par des étrangers qui gagnent du terrain auprès des utilisateurs américains, ce qui entraîne une baisse significative de la performance boursière de Meta.
Si le sénateur Warner a exprimé ses opinions avec franchise, d’autres membres du gouvernement ont réagi rapidement à mesure que RedNote gagnait en popularité. Le sénateur Ed Markey (D-MA), un opposant notoire à l’interdiction de TikTok, a proposé une prolongation de 270 jours pour que ByteDance puisse se désinvestir de TikTok ou faire face à une interdiction. Les actions de Markey ont suscité des espoirs pour l’avenir de l’application, mais le 15 janvier, il a révélé que sa proposition avait été bloquée au Sénat.
@senmarkey Je viens d’essayer de faire passer ma loi sur l’extension du délai de TikTok au Sénat. Elle a été bloquée. Mais nous n’abandonnons pas. #tiktokban
Bien que décourageants, les efforts de Markey n’ont peut-être pas été entièrement vains. Selon NBC News , l’administration Biden envisage des mesures législatives qui pourraient permettre à TikTok de rester opérationnel au sein du gouvernement américain. Des rapports indiquent qu’il ne faut pas s’attendre à des interdictions immédiates, même si le président Biden a initialement soutenu ces mesures.
Si le sort de TikTok revient au président élu Donald Trump après son investiture le 20 janvier, il affirme vouloir « sauver » la plateforme, ce qui contredit ses précédents appels à son interdiction pendant son premier mandat. Pendant ce temps, RedNote continue de grimper en flèche en termes de téléchargements, dominant à la fois les classements de l’App Store et du Google Play Store.
Pourquoi ce changement d’avis ?
Les propos du sénateur Warner illustrent un discours largement répandu chez certains responsables : la nécessité de présenter la Chine comme un adversaire étranger. L’intérêt croissant pour RedNote vient saper ce discours, compliquant les positions des représentants du gouvernement.
Cela soulève des questions sur les motivations qui ont poussé les utilisateurs à interdire TikTok. Beaucoup affirment que la plateforme est devenue une source importante d’informations non filtrées, notamment sur les événements mondiaux et les questions nationales. Dans ce contexte, les efforts apparents des autorités pour empêcher les utilisateurs de TikTok de diffuser des informations factuelles mettent en évidence un lien troublant entre le contrôle des médias et les intérêts particuliers des entreprises comme Meta. Ironiquement, alors que les utilisateurs américains nouent des relations avec les internautes chinois, on spécule même sur le fait de désigner Xiaohongshu par « X », ce qui reflète un changement de dynamique culturelle.
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